"On peut ainsi distinguer deux conceptions de l'action par la culture: "l'action culturelle", qui vise à rassembler autour de valeurs "universelles", consensuelles (l'art, la citoyenneté, la diversité, le respect etc). Et l'éducation populaire, qui vise à rendre lisibles aux yeux du plus grand nombre les rapports de domination, les antagonismes sociaux, les rouages de l'exploitation. La crise éonomique actuelle pourrait bien dissiper les mirages de l'une et remettre l'autre au goût du jour."
Franck Lepage, Le monde diplomatique, mai 2009
"Aujourd'hui, de nombreux animateurs appartenant au mouvement historique de l'éducation populaire, conscients d'avoir abandonné une partie de leurs ambitions, entre les cadres plus rigides de la réglementation et des dispositifs impulsés par les politiques de la ville, savent qu'ils laissent sur le carreau les couches populaires.
"L'éducation populaire a manqué sa version sociale", souligne Françoise Tétard, ajoutant que "l'apparition d'une génération spontanée qui fait de l'éducation populaire sans le revendiquer, voire sans même le savoir, comme les mères dans les quartiers populaires, par exemple, pourrait pallier cette dérive institutionnelle et assurer le passage d'une relève turbulente mais créative, appliquant les méthodes et les principes de l'éducation populaire hors de tout systématisme."
Projet émancipateur, l'éducation populaire peine en effet à trouver sa place dans le protocole social, comme si, comme le notait Jacques Rancière, dans La nuit des prolétaires: archives du rêve ouvrier, publié en 1981: "L'éducation populaire serait le lieu même d'une paradoxale et persistante entreprise qui veut refaire le monde autour d'un centre que ses occupants ne songent qu'à fuir." Aujourd'hui, le retour sur la scène publique de l'idée d'éducation populaire semble nous dire quelque chose sur l'état de notre démocratie et sur notre besoin de savoirs et d'informations critiques."
Extrait d'un article, d'Aline Chambras, "Education populaire, enfin la relève"
in Revue Territoires, septembre 2009, n°500, p.32
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